Mobilité et innovation en 2017

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INTRODUCTION

Grâce aux technologies et à l’innovation, la mobilité connectée a méchamment appuyé sur l’accélérateur avec l’arrivée d’Uber, des VTC et des voitures autonomes. L’impact des platformes connectées telles qu’Uber et Airbnb est monstrueux sur le secteur: bouleversement des modèles traditionnels, manifestations et pagaille au sein des milieux concernés, investissements massifs et valorisation de ces entreprises en dizaines de milliards de dollars, procès à tire-larigot et on en passe! On ne parle aujourd’hui plus que d’ “uberisation” (plus simple à dire que “airb&bisation”) pour désigner l’émergence des platformes intermédiaires numérique oeuvrant en soi comme “agents”, et tout ne fait que de commencer. Depuis l’arrivée d’Uber, il faut bien avouer que le concept de la mobilité connectée est devenue très en vogue et séduisant de par son modèle économique et sa simplicité d’utilisation. La petite start-up californienne Uber créée en 2009, se valorisait à quelques 62,5 milliards de dollars en 2015 et s’est rapidement imposée dans 67 pays en 2015. Uber se vantait d’ailleurs de détenir 30% des parts de marché en Chine.

Bienvenue dans l’ère de la mobilité connectée ou de la mobilité à la demande (connected mobility / mobility-on-demand) !

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Les modèles de mobilité connectée

Le MIT a rédigé un article intéressant sur le futur de la mobilité. Il met en balance la complexité des interactions entre les différentes variables: technologies des moteurs, options de carburants, infrastructures de stations de fuel, choix des consommateurs, options de transport public, nouvelles modalités de transport et surtout les tendances des gouvernements qui formeront ensemble le futur de la mobilité. L’industrie dictera-t-elle l’avenir de la mobilité par des impératifs environnementaux ou par le profit? Difficile de savoir quelle est la conception qui l’emportera, toutefois, indépendamment du moteur du véhicule, voici une esquisse des différentes générations de mobilité dictées par les technologies de l’information:

Mobilité 1.0. Se déplacer “à l’ancienne” avec son propre véhicule. On achète son vélo, sa voiture au magasin. On conduit son véhicule, s’occupe de l’entretien et paie ses assurances. On prend le bus. On lève la main dans la rue pour demander au taxi de s’arrêter, donne un pourboire au chauffeur ou on se fait arnaquer et on râle.

Mobilité 2.0. Se déplacer grâce aux Smartphones, à la géolocalisation et aux paiements sur Internet. On reste chez soi, on part de chez un ami. On voit un vélo dans la rue et on conclut un contrat  avec sa montre connectée. On commande et paye son véhicule à l’avance en trois “slides” d’index sur son Smartphone. On visualise le temps d’arrivée du taxi, localise le véhicule souhaité. On connaît le tarif du vélo, de la voiture ou du bus. Finies les arnaques.

Mobilité 3.0. Se déplacer grâce aux véhicules intelligents et connectés aux objets (IoT). La voiture est synchronisée à l’Apple appstore ou au Google Play store. On se connecte à son compte et on met la musique achetée sur son téléphone. Même si la voiture ne vole pas encore, elle navigue dans le nuage, connectée au cloud et aux autres objets connectés que l’on possède (montre, cuisine, Smartphone), la voiture n’est qu’un objet connecté de plus. On peut oublier son téléphone à la maison ou au bureau. A l’arrière, on regarde un film en streaming grâce au 1 an d’abonnement inclus avec l’achat ou la location de la voiture.

Mobilité 4.0. Se déplacer grâce aux véhicules électriques, connectés, autonomes, contrôlé grâce à des intelligence artificielle (IA). On se réveille le matin. L’agenda électronique connecté à nos appareils nous réveille et nous commande une voiture autonome pour aller au bureau. Le miroir connecté nous suggère des vêtements chauds à porter aujourd’hui assortis avec la couleur du complet-veston. La voiture, envoie une notification sur son Smartphone pour indiquer son arrivée dans 5 minutes. Elle se parque en bas de l’immeuble et nous “attend” 15 minutes de plus que l’heure indiquée. Sur le chemin du travail, la voiture conduit de manière autonome, affiche les documents à lire pour se préparer à l’entretien client, nous rappelle que nous avons pris du poids, qu’il faut prendre son médicament et suggère une pause sportive avec un collègue à midi qui cherche également à rester en forme. Le lendemain matin, le réveil sonne automatiquement 15 minutes plus tôt. Mais on a été malade pendant la nuit. Un taxi-drone volant arrive et nous emmène à un rendez-vous médical. Au retour, le véhicule envoie un e-mail aux collègues et annule les rendez-vous en cours. Un certificat médical est adressé automatiquement à l’employeur par la voiture…

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Mobilité à la demande et véhicules autonomes

La mobilité à la demande à la Uber marche à fond. Et pour preuve, ce modèle n’est pas unique. De sérieux concurrents lui barrent la route. D’autres initiatives voient également le jour:

  • co-voiturage connecté et car-sharing en “free float” grâce au au concept « Catcha Car » lancé à Bâle par Mobility. Il permet de louer et déposer des véhicules sur des places de parc définies dans la ville.
  • Vélos 2.0 ou “bike-sharing”  en libre service avec la start-up Ofo, permettant de louer un vélo via son Smartphone puis le laisser n’importe où.

Concernant les véhicules autonomes, il s’agit d’un marché qui frémit d’impatience et qu’on annonce disponible à horizon 2020 à 2030. Des constructeurs annoncent déjà leurs modèles: le Waymo de Google, les modèles Tesla S, X et 3, la iNext de BMW, Volvo, Mercedes (juste hallucinant), ou encore Nissan et Renault se lancent déjà dans l’aventure avec leurs « self-driving cars ». La société chinoise EHang a présenté au CES 2016 son drone EHang 184 de transport autonome le “taxi-volant autonome“. En Suisse, Sion a été choisie comme ville de test pour un système de navettes autonomes. les car postaux autonomes valaisans “self-driving bus” du projet Smart-Shuttle peuvent circuler dans la ville, avant une éventuelle expansion. 

L’innovation a-t-elle des obstacles ou est-elle sans limites ?

Elle ne sera probablement limitée que par notre imagination! La société Slock.it parle déjà de voitures de location autonomes qui se louent toutes seules (« self-renting cars ») et qui rentrent se réparer toutes seules grâce à une technologies décentralisées basées sur le Blockchain…

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Quels défis juridiques pour le futur de la mobilité  autonome?

Peu d’enjeux nouveaux pour le consommateur, mais des enjeux pour les platformes intermédiaires qui pensent pouvoir s’affranchir de toute réglementation par le fait qu’elles utilisent des technologies connectées.  Pour les voitures autonomes, le fait que le conducteur soit un logiciel pose de nombreuses questions, dont de circulation routière. De plus, la robotique et les IA vont bousculer la société ces prochaines dizaines d’années. Voici les sujets juridiques dont on parlera:

  • modification des règles de la circulation routière (comment autoriser une voiture à conduire?)
  • responsabilité et assurance en cas d’accident
  • propriété intellectuelle (brevets, droit d’auteur et licences sur des logiciels en matière d’IA)
  • droit du travail (changements de secteur de l’emploi pour les métiers remplacés par les machines)
  • éthique des décisions prises par un CPU plutôt qu’un humain
  • protection des données

L‘Union européenne a lancé le processus législatif sur le statut juridique des robots en janvier 2017, ce qui devrait permettre une prise de position en la matière.

La mobilité et le droit ont un bel avenir devant eux et on se réjouit de suivre les évolutions en la matière…